Dans une ville mono industrielle, la réouverture de l'usine ramène espoir et optimiste pour l'économie locale...
20 millions pour rouvrir la papeterie à
Dolbeau-Mistassini
24 août 2012
Par Denis Hudon | Agence QMI
Deux années, jour pour jour, après sa fermeture
définitive en juin 2009, Produits forestiers Résolu a annoncé vendredi la
reprise des activités à son usine de papier de Dolbeau-Mistassini. La
réouverture de l'usine nécessitera des investissements de 20 millions $.
La compagnie forestière a finalement conclu une entente
avec Hydro-Québec sur la revente des surplus d'électricité produite à sa
centrale de cogénération, qui est rattachée à la papetière. En mai dernier, la
compagnie avait rappelé une trentaine d'employés avant de les renvoyer, en
raison d'une mésentente avec la société d'État.
La relance de l'usine permettra de rappeler 135 employés,
pour faire fonctionner la machine no 5 qui sera redémarrée. L'ancienneté et la
formation des travailleurs seront deux critères importants dans le processus de
rappel. Jusqu'à sa fermeture, la papetière comptait tout près de 300
travailleurs, incluant le personnel-cadre.
«J'étais là, il y a trois ans, lorsqu'on nous a annoncé
la nouvelle fatale, a dit le maire de Dolbeau-Mistassini Georges Simard. Je ne
veux plus me retrouver dans cette situation, car c'était abominable. Pour un
maire, de repartir de Montréal, revenir à la maison et devoir dire aux
travailleurs que c'est fini, c'est invivable. Pour les représentants des
syndicats, c'était la même chose.»
Représentant des travailleurs, Pascal Cloutier a souligné
les efforts de toute une communauté pour garder son usine. Il a reconnu les
nombreux obstacles en cours de route, mais estime aujourd'hui que tous les
travailleurs, toute la communauté, ont relevé ce défi.
«Nous devons être fiers de ce que nous avons réalisé
aujourd'hui et dans quelques jours, quelques semaines, en circulant sur le
pont, vous allez voir de la boucane sortir des toits de l'usine», a conclu
Pascal Cloutier.
La date précise de la reprise des activités reste encore
à confirmer, mais il s'agirait d'une question de semaines.
Les travailleurs vivent un grand jour
Ils attendent depuis tellement longtemps! Ils y
croyaient, puis n'y croyaient plus, puis y croyaient à nouveau... Les
travailleurs de l'usine Résolu de Dolbeau-Mistassini sont heureux, tellement
soulagés de reprendre le chemin du «moulin».
Jocelyn Larouche: «Je suis soulagé. Je suis mécanicien
ici à l'usine depuis 1981. J'ai toujours cru à la réouverture de l'usine, mais
il a fallu le soutien de la famille, des collègues et des proches.»
Yves Guy: «Je travaille ici depuis 33 ans, ça ferait 36
ans s'il n'y avait pas eu cette fermeture. Aujourd'hui, je dis bravo à tous
ceux qui ont travaillé à sa réouverture. Il ne faut pas vivre dans le passé,
mais nous allons nous en souvenir toute notre vie. J'ai toujours cru au
redémarrage de notre usine, surtout à cause de la cogénération.»
Jean Veilleux: «En 2009 lors de la fermeture, ça faisait
31 ans que je travaillais à l'usine Dolbeau. Je travaille depuis à l'usine
d'Alma et ça fera trois ans le 16 novembre. C'est sûr que j'aimerais revenir
travailler ici. Nous sommes une douzaine qui travaillons à l'usine d'Alma
depuis la fermeture de celle de Dolbeau.»
Daniel Asselin: «J'ai dû prendre ma retraite en 2010,
tout juste après la fermeture de l'usine. Aujourd'hui, je ne voulais pas
manquer ça. J'ai vécu 36 années dans cette usine. Je suis ici parce que c'est
un grand jour et je viens encourager mes chums. Je veux souligner aussi le
travail du maire qui a travaillé sans relâche dans ce dossier. Il y a cru lui
aussi et il n'a jamais abandonné.»
Michel Martel: «J'ai travaillé huit ans ici, de 2002 à
2009. J'ai dû me recycler après la fermeture de l'usine en 2009 et j'ai été
camionneur pour le transport de copeaux. Je n'avais jamais fait ça. Je n'ai
jamais arrêté de croire en une réouverture de l'usine, j'espérais toujours,
c'était même une fixation. Je me tenais au courant chaque jour et voilà que ça
se concrétise aujourd'hui. Moi, j'ai été formé sur la machine à papier no 5 et
j'aimerais bien pouvoir rentrer à nouveau.»
Claude Tardif: «Je travaille ici depuis 30 ans, de 1979
jusqu'à la fermeture en 2009. J'étais opérateur au département de la finition.
C'est comme si j'avais un cancer depuis trois ans et que le docteur m'annonçait
aujourd'hui que je suis guéri. C'est pareil, tellement je suis heureux.»